Intervention TLEDU : préparation de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche

Dans le cadre de la préparation de la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR), un colloque dédié au « Tiers-Secteur de la Recherche » (cf. la définition plus bas) a été organisé à l’assemblée nationale le 20/01/2020 à l’initiative de députés et de l’association l’ALLISS.

Le verbatim de l’intervention d’un membre de tiers-lieux edu :

Je remercie ALLISS pour l’impulsion de cette journée ainsi que Mesdames et Messieurs les députés qui se mobilisent sur la question cruciale du tiers secteur de la recherche.

Avant d’être des espaces de coworking ou des maisons de services au public, Les tiers-lieux et fablabs sont des espaces de co-production de savoirs et de connaissances. Par essence ce sont des endroits favorables au développement des relations entre le monde académique et le reste de la société (collectifs citoyens, associations, collectivité territoriales, PME, etc.). En cela, tous les tiers-lieux devraient être des tiers-lieux de recherche.

L’association TL EDU, composée majoritairement d’enseignant-es (mais aussi d’agents de collectivités et d’administrations centrales, de parents, de fabmanagers, d’entrepreneur sociaux, de chercheurs,etc.), situe son action au croisement de toutes les formes de l’apprendre en favorisant - entre autres - l’émergence de tiers-lieux dans les établissements scolaires de la maternelle au lycée.

Les enseignant-es - mais aussi les parents et les enfants - doivent pouvoir s’emparer de questions pédagogiques, faire émerger des connaissances sur leurs pratiques, ce qui passe notamment par des pratiques de recherche-action. Pourtant les passerelles avec la recherche sont insuffisantes du fait de l’absence de dispositifs adaptés dans l’organisation actuelle du système française de recherche et d’innovation.

Concrètement, il est extrêmement complexe pour un chercheur de bénéficier de terrain en classe sur le long cours (exemple Atelier des chercheurs). Ce qui conduit à des politiques publiques, s’appuyant sur des recherches dites empiriques qui ne le sont pas toujours (biais des sites pilotes ou des workshop réalisés hors temps scolaires).

Par exemple, sur les compétences clés du XXIe siècle (créativité, empathie, esprit critique, résolution de problèmes complexes, etc.) : il n’y a pas encore de méthodologie d’évaluation claire de la plus-value pour les élèves.

4 pistes pour la LPPR

Voici quatre pistes pour que la LPPR puisse soutenir le développement du tiers-secteur de la recherche et résorber la carence de dispositifs simples et lisibles de mise en collaboration des acteurs sur les territoires.

En préalable :

  • Ne pas recréer un énième dispositif de soutien à l’innovation qui s’ajouterait au mille-feuille existant.
  • Il n’y a pas de politique d’innovation sans prise en compte des spécificités territoriales
  • il n’y pas de science-société sans citoyens impliqué partout, tout le temps, dès le départ

Piste 1 : Systématiser et renforcer les services sciences-société et éducation dans les universités, renforcer leur moyen (y dédier 1% du budget total de l’Université), intégrer la société civile, les tiers-lieux et les fablabs du territoire dans le pilotage de ces services
Cela afin de :

  • Structurer plus rapidement les écosystèmes locaux d’innovation (inclusive) et permettre l’émergence de projet par le bas, par les citoyens.
  • Sensibiliser les étudiant-es aux activités scientifiques à vocation professionnelle

Piste 2 : Intégrer de manière impérative un volet science-société-éducation dans les schémas territoriaux d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation. Par cela les orientations nationales garantiraient une logique d’adaptation aux spécificités de chaque territoire.

Piste 3 : Assouplir les conditions d’accès au CIR pour mieux intégrer le Tiers-Secteur de la Recherche

  • La Cour des comptes a souligné les dysfonctionnements du CIR qui bénéficie avant tout aux plus grandes entreprises et a un effet multiplicateur très faible (1,04 en 2015). Comment l’améliorer ?
  • Par la modification des règles d’éligibilité pour permettre à des structures associatives (ex. TL EDU), de petites entreprises et plus globalement au Tiers-Secteur de la Recherche de bénéficier plus facilement de ce crédit.
  • Par l’introduction d’une politique de RSE pour les grandes entreprises bénéficiaires au profit des activités de recherche des associations .

Piste 4 : Développer des AAP de recherche distribuée dans une communauté de lieux (tiers-lieux, fablabs) de la même façon que cela a été fait par le CNES et le Réseau Français des fablabs avec la fédération Open Space Makers

Conclusion :

Le maintien de l’excellence française dans un contexte de concurrence mondiale ne sera possible que si des décisions fortes associent durablement la recherche à la diversité des corps qui composent la société.

Le Tiers-Secteur de la Recherche

Le Tiers-Secteur de la Recherche tel qu’il est présenté par ALLISS au « Parlement » et au « Gouvernement » : Le tiers secteur de la recherche désigne la part de la société de fait exclue des politiques publiques et des activités de recherche et d’innovation à savoir : a/ une majorité d’acteurs constitutifs du secteur non marchand (associations, syndicats, collectivités locales…), b/ du secteur marchand à but non lucratif (économie sociale et solidaire, groupements professionnels…), c/ les organisations à but lucratif de petite taille (auto-entrepreneurs, groupements agricoles ou artisanaux…) impliquées dans des activités en réseau ou en filière sur des territoires. La notion de « société civile », pas plus que la dichotomie « marchand/non-marchande » ne sont pertinentes. La seule distinction adéquate est celle qui sépare les acteurs qui ont accès à la recherche et ceux qui n’y ont pas accès. In fine, ce tiers secteur de la recherche constitue un ensemble d’acteurs qui ont besoin de produire des connaissances lorsqu’ils sont engagés dans des transformations dont les bénéfices économiques, sociaux et environnementaux sont considérables.

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